Extraits :
"La Chine a lancé hier l'acte II de son ambitieuse stratégie d'extraction des gaz de schiste. Après un premier appel d'offres, en 2011, [...] ce sont désormais 20 blocs, s'étendant sur une surface de 20.000 kilomètres carrés, qui sont proposés aux industriels du secteur [...], en particulier, les groupes étrangers, qui ont été autorisés à entrer dans le jeu à condition de former des coentreprises avec un partenaire chinois et de rester minoritaires au capital de ces derniers [...].
Alors que la Chine ne produit pas de gaz de schiste aujourd'hui, elle s'est fixé pour objectif, en mars dernier, d'extraire 6,5 milliards de mètres cubes par an d'ici à 2015 et, surtout, d'atteindre entre 60 et 100 milliards de mètres cubes cinq ans plus tard. Sur le papier, le projet n'est pas irréaliste [...].
Au plan technologique, la bataille s'annonce difficile. En juin dernier, la société Global Data a publié un rapport très critique sur le sujet, listant les très fortes contraintes qui pèsent sur le développement des gaz de schiste en Chine [...]. Conscientes de ces inquiétudes, les autorités ont annoncé qu'elles allaient mettre en place des mécanismes de subvention et des aides fiscales pour le secteur".
"L'industrie reste cynique vis-à-vis de ces ambitieux objectifs de production, affirment les auteurs du rapport. Ceux-ci pointent du doigt le problème de l'eau, dont la Chine est d'ores-et-déjà en manque [...]. Autre limite relevée par les experts, la mauvaise qualité des infrastructures dans les régions concernées, et notamment le manque de pipelines pour acheminer le gaz produit, qui devrait ralentir le rythme de développement des gaz de schiste, prévoit Global Data.
Par ailleurs, le contrôle gouvernemental des prix de vente de l'énergie pourrait être problématique. Les autorités gardent les prix de l'énergie trop bas de manière artificielle", explique Yang Fuqiang, consultant principal sur les questions de climat, d'énergie et d'environnement pour l'ONG américaine Natural Ressources Defense Council à Pékin. Or le prix de l'exploitation du gaz de schiste est très élevé. C'est un investissement risqué, et si le prix de vente est trop bas, les entreprises ne s'y retrouveront pas. En conséquence, soit l'exploitation sera abandonnée, soit les dépenses destinées à rendre l'extraction moins polluante ne seront pas réalisées, et l'environnement en paiera le prix.
De fait, en Chine comme ailleurs, les conséquences environnementales des forages risquent de poser des problèmes d'acceptabilité de la part des populations, commente l'expert français. Depuis quelques années, avec la dégradation environnementale causée par une croissance économique débridée, les manifestations de type «Not In My Backyard» se multiplient. La semaine dernière, des manifestants ont réussi à faire annuler l'implantation dans la ville de Ningbo d'une usine de paraxylène, un dérivé pétrochimique utilisé dans la fabrication des bouteilles en plastique. C'est la troisième fois en quatre mois que des manifestants qui protestaient contre l'ouverture d'une usine polluante obtiennent gain de cause. Les autorités devront donc jouer serré pour faire accepter aux populations locales l'implantation de puits de gaz de schiste, dont les conséquences néfastes sur l'environnement direct sont désormais bien connues".
La carte des 8 provinces/municipalité concernées par ces 20 blocs :
provinces de Guizhou, Hunan, Anhui, Hubei, Jiangxi, Zhejiang, Henan et municipalité de Chongqing, pour une superficie totale d'environ 20 000 km2.Carte originale : => Site de l'Ambassade de France <=