Gaz de Schiste : ce miracle qui divise l'Amérique"
=> Article Le Point du 9 août 2012 <=
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Extraits :
"C'est jour de fête à New Milford, bourgade agricole de 900 âmes dans le nord de la Pennsylvanie. En ce samedi de juillet, des milliers de personnes participent à un pique-nique géant. Au menu : hot-dogs, frites, barbes à papa. Et gaz de schiste ! Le rassemblement est organisé et sponsorisé par une compagnie pétrolière texane spécialisée dans l'exploitation de cette nouvelle énergie. Cabot Oil and Gas n'a pas choisi au hasard le lieu des festivités. New Milford est au coeur d'un des principaux gisements américains de gaz non conventionnel. C'est aussi le berceau des fractivists - les opposants au fracking -, cette méthode d'extraction du précieux méthane [...].
L'avion n'a pas encore atterri à Dallas que déjà le méthane nous saute aux yeux. Au sens figuré... L'aéroport de Fort Worth est en effet couvert de puits. Mais, comme nous l'explique Julie Wilson, vice-présidente chargée du développement urbain chez Chesapeake, "nous prenons grand soin de camoufler les installations quand elles sont achevées" [...]. Il faut dire qu'au Texas les sites d'extraction sont carrément implantés au coeur de la ville, accolés aux habitations, églises, écoles et même au stade d'Arlington, temple des Dallas Cowboys...
Sur le chantier Driver TRT 1H, dans la banlieue de Fort Worth, une foreuse est en train d'enfouir le tuyau d'extraction à quelque 2 000 mètres sous terre [...]. Quand vient l'étape du fracking, le niveau des décibels fait un bond. Pour réduire les nuisances, le site - situé aux abord d'un golf - a été entouré d'une palissade matelassée. Si l'eau injectée pour fissurer le sous-sol ne provoque rien de perceptible sous nos pieds, la gigantesque pompe qui a été installée en surface produit, elle, un vacarme assourdissant. S'y ajoute le ballet des camions-citernes qui acheminent les milliers de mètres cubes d'eau nécessaires à l'opération. Chaque puits génère entre 890 et 1 300 trajets, tandis qu'un forage, sur sa durée de vie, consomme 10 000 à 20 000 m3 d'eau. "C'est moins que douze jours d'arrosage d'un golf", relativise Julie Wilson. Certes, mais c'est l'équivalent de la consommation en eau pendant un mois d'une ville française de 1 500 habitants.
Ces critiques exaspèrent le magnat de l'énergie Floyd Wilson, P-DG de Halcon. Avant de nous recevoir, ce milliardaire du schiste veut s'assurer que Le Point n'est pas un journal militant. Il exige de voir les articles déjà parus sur le sujet, qu'il fait traduire. Il faut montrer patte blanche - ou plutôt patte noire, couleur pétrole ! Nous voici au 67e étage de la tour Wells Fargo, sur l'avenue Louisiana, la rue des "majors du brut", à Houston. Logée entre le siège américain de Total et le Shell Building, Halcon est sur les rangs pour exploiter un gisement récemment découvert dans l'Ohio. Le flair de l'ancien oilman lui vaut le respect des financiers de Wall Street autant que de ses pairs arborant santiags et chapeau de cow-boy [...].
"On nous dit que ces gaz sont inoffensifs. Nous sommes dans la même situation qu'avec l'industrie du tabac dans les années 50", s'énerve Ron Gulla, l'un des premiers propriétaires à avoir accueilli un puits sur sa ferme quand le gisement de Marcellus a commencé à être exploité. Cet homme issu de l'industrie pétrolière accuse la compagnie Range Resources d'avoir pollué son étang en s'en servant de bassin de rétention d'eau, ce qui l'aurait rendu inutilisable pour faire boire le bétail. Et d'avoir laissé s'écouler des produits chimiques qui auraient contaminé une partie du sol de sa ferme [...]".
"C'est jour de fête à New Milford, bourgade agricole de 900 âmes dans le nord de la Pennsylvanie. En ce samedi de juillet, des milliers de personnes participent à un pique-nique géant. Au menu : hot-dogs, frites, barbes à papa. Et gaz de schiste ! Le rassemblement est organisé et sponsorisé par une compagnie pétrolière texane spécialisée dans l'exploitation de cette nouvelle énergie. Cabot Oil and Gas n'a pas choisi au hasard le lieu des festivités. New Milford est au coeur d'un des principaux gisements américains de gaz non conventionnel. C'est aussi le berceau des fractivists - les opposants au fracking -, cette méthode d'extraction du précieux méthane [...].
L'avion n'a pas encore atterri à Dallas que déjà le méthane nous saute aux yeux. Au sens figuré... L'aéroport de Fort Worth est en effet couvert de puits. Mais, comme nous l'explique Julie Wilson, vice-présidente chargée du développement urbain chez Chesapeake, "nous prenons grand soin de camoufler les installations quand elles sont achevées" [...]. Il faut dire qu'au Texas les sites d'extraction sont carrément implantés au coeur de la ville, accolés aux habitations, églises, écoles et même au stade d'Arlington, temple des Dallas Cowboys...
Sur le chantier Driver TRT 1H, dans la banlieue de Fort Worth, une foreuse est en train d'enfouir le tuyau d'extraction à quelque 2 000 mètres sous terre [...]. Quand vient l'étape du fracking, le niveau des décibels fait un bond. Pour réduire les nuisances, le site - situé aux abord d'un golf - a été entouré d'une palissade matelassée. Si l'eau injectée pour fissurer le sous-sol ne provoque rien de perceptible sous nos pieds, la gigantesque pompe qui a été installée en surface produit, elle, un vacarme assourdissant. S'y ajoute le ballet des camions-citernes qui acheminent les milliers de mètres cubes d'eau nécessaires à l'opération. Chaque puits génère entre 890 et 1 300 trajets, tandis qu'un forage, sur sa durée de vie, consomme 10 000 à 20 000 m3 d'eau. "C'est moins que douze jours d'arrosage d'un golf", relativise Julie Wilson. Certes, mais c'est l'équivalent de la consommation en eau pendant un mois d'une ville française de 1 500 habitants.
Ces critiques exaspèrent le magnat de l'énergie Floyd Wilson, P-DG de Halcon. Avant de nous recevoir, ce milliardaire du schiste veut s'assurer que Le Point n'est pas un journal militant. Il exige de voir les articles déjà parus sur le sujet, qu'il fait traduire. Il faut montrer patte blanche - ou plutôt patte noire, couleur pétrole ! Nous voici au 67e étage de la tour Wells Fargo, sur l'avenue Louisiana, la rue des "majors du brut", à Houston. Logée entre le siège américain de Total et le Shell Building, Halcon est sur les rangs pour exploiter un gisement récemment découvert dans l'Ohio. Le flair de l'ancien oilman lui vaut le respect des financiers de Wall Street autant que de ses pairs arborant santiags et chapeau de cow-boy [...].
"On nous dit que ces gaz sont inoffensifs. Nous sommes dans la même situation qu'avec l'industrie du tabac dans les années 50", s'énerve Ron Gulla, l'un des premiers propriétaires à avoir accueilli un puits sur sa ferme quand le gisement de Marcellus a commencé à être exploité. Cet homme issu de l'industrie pétrolière accuse la compagnie Range Resources d'avoir pollué son étang en s'en servant de bassin de rétention d'eau, ce qui l'aurait rendu inutilisable pour faire boire le bétail. Et d'avoir laissé s'écouler des produits chimiques qui auraient contaminé une partie du sol de sa ferme [...]".